« Ready Player One » de Steven Spielberg

3 mai 2018

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Après Pentagon Papers, de facture classique et à la réalisation parfaitement  léchée, voici que Steven Spielberg nous revient – et avec quel talent – avec ce Ready Player One à la créativité débridée. Il nous entraîne dans le monde futuriste des jeux vidéo. Les personnages du film participent à un jeu, tous équipés de masques de réalité virtuelle. L’intrigue, bien que confuse parfois, nous décrit la confrontation entre le jeune Wade et sa sympathique équipe et une multinationale multimédia IOI. L’objectif de cette lutte est d’hériter de l’immense fortune du créateur d’un jeu vidéo dénommé Oasis et de prendre ainsi son contrôle. Au fil de ces aventures virtuelles, les avatars de nos jeunes héros vont vivre des expériences rocambolesques et époustouflantes qui plongent le spectateur dans des vagues de sidération joyeuse et émerveillée. La course automobile du début du film, qu’on ne veut pas voir prendre fin, nous transporte littéralement dans une transe jouissive. La ville de Colombus où vivent les protagonistes en 2045 est une sorte de bidonville vertical sinistre, mais magique et poétique à la fois. C’est un véritable chef-d’œuvre décoratif qui fait penser, en plus extravagant et plus baroque, par son architecture et ses couleurs, aux dessins préparatoires des décors de films d’Alexandre Trauner, comme dans Le jour se lève (Marcel Carné, 1939), La Garçonnière (Billy Wilder, 1960), ou Autour de minuit (Bertrand Tavernier, 1986). Et puis le film regorge de citations musicales et cinématographiques signant ainsi l’amour de Spielberg pour la culture des années 80/90. Les premiers jeux vidéo Atari sont évoqués. Des séquences entières projettent dans la réalité virtuelle des scènes du film de Stanley Kubrick, Shining, apportant au film un supplément d’atmosphère fantastique. Les références au monde numérique d’aujourd’hui sont là aussi exposées avec le regard critique et désapprobateur du cinéaste. La multinationale IOI, ce pourrait être Google ou Apple. Ses employés, rangés par centaines, équipés de leur masque et de leur ceinture de réalité virtuelle, nous signifient un monde où les individus sont manipulés, massifiés, indifférenciés, transformés en soldats-pantins asservis à la puissance prédatrice des grands groupes multinationaux. Pour y échapper, Steven Spielberg nous emmène dans son monde merveilleux et imaginaire. Un film salutaire.

Ready Player One de Steven Spielberg – États-Unis – 2018
En salles depuis le 28 mars 2018

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