« La soif du mal » … et toujours le même racisme

18 octobre 2019


Photo : SensCritique

Orson Welles est toujours au sommet de son art en 1958, lorsqu’il tourne La soif du mal. Et quel sommet ! La quintessence du film noir, un plan-séquence d’ouverture de plus de trois minutes époustouflant, inoubliable, des cadrages en plans serrés, des contre-plongées vertigineuses, un traitement expressionniste du clair-obscur comme un oxymore cinématographique, des comédiens magnifiques dans l’interprétation de leur personnage… tout un éventail de plans et de séquences de premier ordre au service d’une intrigue classique certes mais oh combien palpitante et dont le suspens ne se relâche jamais.
À la suite d’un attentat à la frontière américano-mexicaine, deux policiers mènent l’enquête. L’un Mexicain, Mike Vargas, interprété par Charlton Heston, est épris de justice et respectueux des lois. L’autre, Hank Quinlan l’Américain, incarné par Orson Welles, est un policier corrompu, véreux et manipulateur. Bouffi, obèse, en sueur avec son cigare à la bouche, il apparait comme une sorte de monstre, violent et raciste, cherchant à venger ses drames passés par le mal qu’il fait autour de lui. Dans la confrontation qui l’oppose à Vargas, il accuse un innocent – Mexicain bien entendu – de l’attentat, il exécute un chef mafieux, fait séquestrer Susan, la femme de Vargas (saisissante Janet Leigh)… autant de méthodes du flic crapuleux. Lors de la dernière séquence, magistralement filmée la nuit autour d’un pont, Vargas poursuit Quinlan et fait la preuve de sa malveillance. On assiste alors à la déchéance puis à la mort de Quinlan. L’apparition de Marlene Dietrich, la patronne du bordel local où Quinlan avait ses habitudes, assistant à sa fin, déclare, mélancolique et philosophe, qu’il était malgré tout un sacré bonhomme.
Douglas Kennedy dans la revue America N°8, écrit que « cinquante ans après la sortie du film en 1958, le racisme tenace qu’Orson Welles dénonce est toujours bien présent au sein du corps politique » américain d’aujourd’hui.
Le plus grand film de Welles (avec Citizen Kane !). Un chef-d’œuvre.

La soif du mal
Orson Welles

USA – 1958
Disponible en DVD et Blu-ray

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