« Bertrand Tavernier » : La cinéphilie en deuil

30 mars 2021


Photo : AlloCiné

Bertrand Tavernier : un cinéaste classique dans la mesure où il s’est attaqué à tous les genres depuis L’horloger de Saint-Paul (1974) jusqu’à Voyage à travers le cinéma français (2016). Il était aussi un cinéaste complet, réalisateur bien sûr, mais aussi scénariste, producteur, documentariste, acteur, critique, écrivain et au dessus de tout un cinéphile d’une érudition incomparable. Il connaissait tout du cinéma… et pas seulement. Sa mémoire phénoménale lui permettait de retenir les noms de tous ceux qui avaient participé aux films dont il parlait : les décorateurs, les caméramans, les chefs-opérateurs, les monteurs, les scriptes, les cadreurs, les électriciens, les compositeurs, les comédiens et réalisateurs bien sûr.
Au-delà de sa carrière française, Bertrand Tavernier avait toujours eu un faible pour le cinéma américain. Tout jeune déjà, il avait fondé un ciné-club, le Nickelodéon, pour valoriser les films américains des années 1950. Il était fasciné par les westerns qui, pour lui, étaient le genre américain par excellence et qui, avait-il dit un jour, lui ont donné l’envie de faire du cinéma. Il évoquait avec sympathie les « quatre borgnes de Hollywood » : André de Toth, John Ford, Raoul Walsh et Fritz Lang auxquels il faut d’ailleurs ajouter Nicholas Ray. Il racontait qu’il n’aimait pas tourner aux États-Unis car il voulait être maître de ses choix et pouvoir tout faire lui-même, ce qui n’était pas le cas du système hollywoodien. Il avait cependant réalisé en 1983 avec Robert Parrish le documentaire Pays d’octobre (Mississippi Blues) et surtout Dans la brume électrique en 2009 avec Tommy Lee Jones.
Admirateur passionné du cinéma américain, il est l’auteur de deux ouvrages. En 1991, il publie avec Jean-Pierre Coursodon 50 ans de cinéma américain, une véritable bible qui deviendra en 2021, 100 ans de cinéma américain. En 1993, le monumental Amis américains décrit avec enthousiasme les 28 entretiens de Bertrand Tavernier avec des cinéastes majeurs de Hollywood : Elia Kazan, John Ford, Robert Altman, John Huston… Toujours attaché au western, il dirige à Actes Sud la collection «L’Ouest, le vrai » dans laquelle il met en lumière les grands romans western.
Dans sa vaste panoplie de films de tous les genres, Bertrand Tavernier, féru de jazz ne manqua pas de réaliser un film sur ce thème. Autour de minuit (Round Midnight) est une coproduction franco-américaine de 1986, qui évoque la vie du pianiste Bud Powell et du saxophoniste Lester Young. Les musiciens se produisent au Blue Note de Paris dans une reconstitution remarquable d’Alexandre Trauner accompagnée de la musique de Herbie Hancock.
Bertrand Tavernier, un grand défenseur du cinéma français, un passionné du cinéma américain, un grand du cinéma ! Nous n’oublierons pas ce passeur de l’amour du cinéma.

Bertrand Tavernier
Cinéaste
1941-2021

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