« Spartacus » : Révolution ou libération ?

14 juillet 2020


Photo : SensCritique

Le péplum réalisé par Stanley Kubrick en 1960 et produit par Kirk Douglas se veut avant tout un film aux nombreux messages de combat et de contestation. Message moral d’abord, ce que ne voulait pas Kubrick mais que Douglas imposa. Il s’agit de l’opposition entre le bien et le mal, entre la tyrannie des consuls et généraux de la République de Rome, la révolte contre l’oppression des esclaves gladiateurs et les machinations qui se trament au Sénat. Charles Laughton, en sénateur manipulateur y excelle.
C’est aussi un manifeste contre le maccarthysme, cette fois voulu avec fermeté par Kirk Douglas. Il confie d’ailleurs le scénario à Dalton Trumbo, crédité enfin de son vrai nom au générique après avoir été condamné par la Commission des activités anti-américaines (HUAC) et blacklisté pendant toutes les années 1950.
Toujours sous l’influence de Kirk Douglas, le film est une métaphore de l’exode biblique. Durant toute une grande partie du film, Douglas/Spartacus, le gladiateur révolté fait traverser son peuple d’esclaves vers la mer, tel Moïse guidant le peuple hébreu vers la terre promise. La révolution qu’il déclenche contre Rome est pour Douglas une marche vers la libération des esclaves opprimés. Cette dimension biblique est aussi flagrante lorsqu’à la fin la révolte est matée. Spartacus est crucifié, sa compagne Varinia (Jean Simmons) portant son enfant dans les bras est éperdue de douleur telle Marie-Madeleine aux pieds du Christ en croix. Rome a gagné. Il n’y aura pas de libération pour l’armée de Spartacus.
Mais c’est Kubrick qui tient la caméra. Et il nous offre des moments de cinéma grandioses. Ah ce combat à mort où le gladiateur Draba désarme Spartacus et refuse de le tuer. Dans une scène de révolte explosive, Draba lance son trident vers la tribune où se trouve le consul Crassus (Laurence Olivier) qui achève le gladiateur d’un coup de poignard. Et ces scènes de bataille géométriques des légions romaines aux mouvements panoramiques et lents créent une tension à couper le souffle. Cerise sur le gâteau, lorsque Crassus exige des captifs qu’ils dénoncent Spartacus. À sa grande surprise tous déclarent : « Je suis Spartacus ». On devine ici encore une référence au maccarthysme, lorsque Dalton Trumbo et Howard Fast, l’auteur du roman Spartacus, avaient été emprisonnés pour avoir refusé de témoigner devant l’HUAC.
Spartacus, un film moral, épique et découpé comme un collage de Matisse.

Spartacus
Stanley Kubrick

USA – 1960
Avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Charles Laughton, Tony Curtis, Peter Ustinov, Jean Simmons…
Disponible en DVD et Blu-ray

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