« Elvis » : Le rebelle

29 août 2022

Photo : AlloCiné

On savait Baz Luhrmann extravagant dans ses mises en scènes, comme dans Moulin Rouge ou Gatsby le magnifique. Il en est de même avec Elvis. Il se déchaîne littéralement avec la même énergie qu’Elvis exprimait dans ses déhanchements. Tout le film réside dans un montage rapide et accéléré que les séquences en Split Screen accentuent. Toutes les étapes de la vie d’Elvis sont évoquées, surtout celles que l’on connait moins. L’influence de la musique noire qu’il découvre lorsqu’il était encore enfant est bien soulignée au début du film. Il affirme des positions anti ségrégationnistes et ses liens avec les musiciens noirs tels B.B. King. Il est ébranlé par les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy. Mais au-delà du biopic, c’est la relation ambiguë d’Elvis avec son manager que Baz Luhrmann décrit. Un manager étonnant, le « colonel » Parker, interprété par un Tom Hanks méconnaissable, qui accompagne, dirige et contrôle la carrière d’Elvis et qui au passage s’attribue l’argent de la gloire. Elvis lui, chante, danse et rend hystérique son public, féminin surtout, dans des habits de lumière et dans des décors éclaboussants de couleurs. Un tel défi à la morale de l’époque lui vaudra d’ailleurs d’être menacé d’interdiction de concerts et de télévision. La composition d’Austin Butler dans le personnage d’Elvis est prodigieuse et époustouflante. On a l’impression d’une réincarnation d’Elvis sur scène, c’est à s’y méprendre. Son jeu, ses déhanchements, son chant sont au diapason du rythme rapide et saccadé des images de Baz Luhrmann. C’est tout simplement vertigineux !

Autant le personnage de Tom Hanks est cynique et manipulateur, autant celui d’Elvis est naïf… quoique ! Il est pris dans le filet que lui tend le colonel, esclave en quelque sorte de ses manoeuvres. Mais la star a du ressort. Lors d’un concert à Las Vegas, Elvis refuse de chanter les chansons bien-pensantes que le colonel lui imposait et se lance dans une démonstration éclatante du style qu’il aimait et qui avait fait sa gloire. Filmé comme Baz Luhrmann sait le faire, on assiste avec jubilation à un déferlement, comme un torrent, des morceaux les plus connus d’Elvis… avant que les dernières images nous donnent à voir le vrai Elvis, malade et bouffi, chantant Unchained Melody, dans une séquence d’une intense émotion et d’une grande mélancolie.

Elvis
Baz Luhrmann
USA/Australie – 2022
Avec Austin Butler et Tom Hanks
En salles depuis juillet 2022
Disponible en DVD et Blu-ray

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