Le blog de Camille et David

J'ai deux mots à vous dire



La La Land

27 avril 2017

Los Angeles a désormais son «La La Land Day». Le 25 avril 2017 des danseurs se sont lancés sur la façade de l’Hôtel de Ville sur l’air de Another Day of Sun.

La La Land, le film oscarisé de Damien Chazelle raconte l’histoire de deux jeunes artistes en herbe, Mia et Sebastian, tentant désespérément de construire une carrière, lui dans le jazz, elle dans le théâtre. Le son du piano de Seb, subjugue Mia. Et voici l’amour qui vient se glisser dans leur parcours. Mais on se chamaille. On se stimule. On s’aime. On se sépare. On se retrouve. Et finalement, la carrière triomphe de l’amour. Le rêve américain, la recherche du succès et de la gloire l’emportent sur les sentiments. Elle, Mia, devient une actrice célèbre ; lui, Sebastian, crée son propre club de jazz. Et les deux se séparent avec dans les yeux un sourire d’une tristesse infinie. Voici un film prétexte à magnifier la ville de Los Angeles et à valoriser sa mythologie. La merveilleuse séquence chorégraphique de l’ouverture nous laisse voir l’immense étendue géographique de la ville depuis un échangeur autoroutier aérien. Tout au long du film, on retrouve quelques lieux qui ont marqué l’histoire de Hollywood et de Los Angeles : le Chateau Marmont, le fameux hôtel des stars sur Sunset Boulevard ; les Watts Towers, ces tours « Art brut » faites de bric et de broc ; le funiculaire Angels Flight, réouvert pour l’occasion et qui descend directement sur le Marché central. Sans oublier le Griffith Observatory sur les collines de Hollywood où fut tourné La Fureur de vivre, le film de Nicholas Ray avec James Dean. Comme Sebastian adore ce film, il emmène Mia à une projection, ce qui nous permet de profiter de quelques extraits. Et on a plaisir à voir nos deux héros imiter, même maladroitement, Fred Astaire dansant avec Ginger Rogers ou Cyd Charisse dans Tous en Scène de Minnelli. Au moins pour le ballet d’ouverture et pour cette belle balade dans los Angeles, La La Land vaut la peine d’être vu. Et rendez-vous l’année prochaine pour la seconde édition du «La La Land Day».

La La Land, film musical américain de Damien Chazelle avec Ryan Gosling et Emma Stone – 2016. (Disponible en DVD et blue-ray aux États-Unis).

Soudain l’été dernier

29 mars 2017
Dans la pièce de Tennessee Williams, Soudain l’été dernier, montée sur la scène de l’Odéon en mars dernier, Stéphane Braunschweig donne le meilleur de lui-même, dans un style fondé sur le jeu des acteurs, sur l’intensité du texte et sur une scénographique d’une beauté phénoménale effrayante.
C’est dans ce décor justement fait d’une jungle foisonnante et envahissante, évocatrice des moiteurs de la Nouvelle Orléans, que se déroule cette intrigue psychanalytique à ciel ouvert. On ne sait pas trop comment Sébastien est mort. Sa mère veut garder de lui l’image d’un poète quasi divin. Elle attend du docteur « Sugar » – en échange d’argent pour sa clinique – qu’il lobotomise Catherine la cousine de Sébastien, afin qu’elle ne dévoile pas les conditions de sa mort. Et de fait, Catherine est effectivement enfermée dans un hôpital psychiatrique et tous, notamment la mère de Sébastien, veulent la faire passer pour folle. Ici, contrairement au film de Mankiewicz, on ne voit pas les fous poursuivre Catherine. Pas d’Elisabeth Taylor avec son fameux maillot de bain blanc. Tout est dans le texte : la pauvreté, la maladie, la folie qui peu à peu submerge le réel. L’interprétation de Marie Rémond est d’une émouvante intensité. Son phrasé est saccadé et répétitif, angoissant même, notamment lorsqu’elle décrit ce qu’elle a vu : le corps de Sébastien dévoré par des enfants affamés et nus, comme les tortues dévorées par les oiseaux carnassiers aux Galapagos.
Ici, sur la scène, comme dans le film, la moiteur, l’humidité tropicale, l’atmosphère étouffante de ce jardin qui n’est pas d’Eden, s’inversent en une vision de désolation et de violence.

Soudain l’été dernier
De Tennessee Williams.
Au théâtre de l’Odéon (du 10 mars au 14 avril 2017), puis en tournée à Marseille et à Milan ; mise en scène de Stéphane Braunschweig avec Luce Mouchel et Marie Rémond.
Au cinéma (disponible en DVD) de Joseph Mankiewicz (1959), avec Elisabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift.

Un film 100% Angelin

22 mars 2017

Dans L.A. Confidential, le film de Curtis Hanson, on ne comprend pas grand-chose… comme souvent dans les films noirs américains. Pensez par exemple au Grand Sommeil de Howard Hawks, tiré du roman de Raymond Chandler, où Humphrey Bogart se démène entre truands crapuleux.

Dans L.A. Confidential, c’est aussi le cas. Mais ici il y trois policiers du district de Hollywood qui cherchent à démêler une sombre histoire d’assassinat d’une call-girl, entre dealers, journalistes pourris et flics corrompus. Trois flics aux personnalités fortes différentes qui chacun à sa façon essaye de se venger de quelque chose qui dans le passé les aurait marqués. Le fort en thème, propre et courageux, dont le père policier est tombé sous les balles de truands et qui finit par gagner les plus hauts gallons. Son frère ennemi, la brute au cœur tendre qui n’a de cesse de cogner pour découvrir la vérité, lui aussi traumatisé enfant, par le meurtre de sa mère, battue à mort pas son père. Et le troisième, le placide et blasé Kevin Spacey, amateur de starlettes et d’argent, qui mourra car il en savait trop.

Mais la vedette principale, c’est Los Angeles. Tout y est. On y croise les sosies des stars de la belle époque, Rita Hayworth, Lana Turner, Veronica Lake, interprétée avec élégance et grande classe par une Kim Basinger en pleine forme. On déambule en voiture dans les rues bordées de palmiers, aux maisons de style hispanique, dans West Hollywood. Les bars et les lieux de spectacles forment un arrière-plan glamour et coloré : le Formosa sur Santa-Monica Avenue, le Frolic, avec son enseigne Art deco sur Hollywood Boulevard, le célèbre Pantages qui brille de ses mille feux sur Hollywood Boulevard également. Les lumineuses et modernes villas sur la colline de Hollywood servent de repère aux magnats de la drogue. À plusieurs reprises, on croise d’anciens derricks rouillés, mais toujours en fonctionnement en pleine ville.

Un film vif et séduisant sans aucun doute. A revoir, surtout si l’on a la nostalgie de Los Angeles.

L.A. Confidential, de Curtis Hanson, sorti en 1997, adapté du roman de James Ellroy. Avec Kevin Sapcey, Russell Crowe, Guy Pearce, Kim Basinger, James Cromwell et Danny DeVito. (Disponible en DVD)

La dernière tentation de Scorsese

15 mars 2017

Avec Silence, nous avons un Martin Scorsese en état de grâce. Il revient sur ses interrogations métaphysiques et religieuses qui le taraudent depuis toujours.  La plupart de ses films ont toujours été traversés par la foi, la transcendance et la sacralité, auxquelles se mêlent la lutte du bien et du mal, la culpabilité et la rédemption comme dans La dernière tentation du Christ, Mean Streets, Who’s That Knocking at My Door ou Boxcar Bertha

Ici, c’est de Dieu qu’il s’agit et surtout de son absence. Nos deux héros, des prêtres jésuites portugais à la recherche de leur maître disparu dans le Japon du 17ème siècle, assistent avec effroi à l’inquisition des Chrétiens. L’un d’eux est torturé mais ne veut pas renier sa foi. Il finira cependant par apostasier, voyant que son abjuration… et Dieu ne peuvent rien pour sauver les Chrétiens japonais suppliciés et martyrisés.

Toute cette cruauté s’expose dans une nature sublime et majestueuse, filmée avec une virtuosité époustouflante et rythmée par des sons et une musique d’une élégante discrétion. Les scènes de torture elles-mêmes ont la force des tableaux des peintres religieux anciens, comme ces crucifixions au bord des vagues, ces noyades forcées de Chrétiens ou cette décapitation au sabre à la façon du Caravage ou de Gustave Moreau.

Un chef d’œuvre.

Silence de Martin Scorsese (États-Unis, 2017)

__________________________________________________________________________________

♦ 13 juillet 2017

J’ai vu également le film et ton analyse est pertinente.
C’est un film qui clarifie certaines positions du monde de la religion. 
Au plaisir d’échanger.
Amicalement. 
Farid