Jésus de West Hollywood est mort

27 janvier 2018

Oui Jésus est mort. De son vrai nom Kevin Short ou Kevin Lee Light, Jésus de West Hollywood – WeHo Jesus, comme il était couramment appelé – était probablement la personne la plus photographiée de Los Angeles, bien plus certainement que les sosies d’Elvis ou de Marilyn. Il habitait à West Hollywood. En quelques années, cet excentrique était devenu une célébrité à Hollywood. Dès 15 ou 16 heures, on le croisait à l’angle de Fountain Avenue et de Laurel Avenue, vêtu de sa longue robe de bure, sandales aux pieds, cheveux et barbe bien fournis. Il arpentait régulièrement Sunset Boulevard, Hollywood Boulevard ou Fairfax Avenue. Prétendant être le « fils de Dieu », il posait volontiers avec les touristes qu’il croisait. Bien que n’étant pas religieux, il jouait le rôle de Jésus sérieusement, avec ferveur… on y aurait cru. D’ailleurs les gens ne s’y trompaient pas. Il était bienveillant, généreux et tolérant. Tout le monde l’aimait. Il faisait partie de la grande communauté des comédiens et était souvent présent au cabaret The Comedy Store sur Sunset Boulevard. On a pu le voir dans quelques séries et dans un clip de Lana Del Rey. Paix à son âme !

Jesus WeHo

« Lucky » de John Carroll Lynch avec Harry Dean Stanton

4 janvier 2018

Lucky (Harry Dean Stanton dans son dernier rôle*) c’est un roc, comme ceux de Monument Valley, planté au milieu d’un monde qui tourne autour de lui. Il ne bouge pas, il ne change pas, il est la permanence même, l’identique, la répétition. Il est vieux, mais il a toujours été vieux ou éternellement jeune. Il est enfermé dans ses habitudes qu’il a acquises dans la nuit des temps, mais apprécie le contact avec ses proches, attachés à leurs habitudes comme lui. Il déblatère avec son voisin de comptoir (David Lynch) sur la disparition d’une tortue centenaire au nom de Theodore Roosevelt, ou échange avec un client du bar des souvenirs de vétérans. Il sirote son Bloody Mary quotidien après sa séance de gymnastique tous les jours à midi. Lucky est hors du temps, il abolit le temps. Il est inébranlable et quelque peu dédaigneux. C’est un cow-boy blasé de 90 ans qui finit tout de même par se poser la question du sens de sa vie, de sa solitude et de son destin inexorable. Mais il le fait dans l’amitié avec les autres, dans la bonne humeur et avec un sentiment imprégné de mélancolie et de blues. Que d’émotions, lorsqu’il se met à chanter de sa voix rocailleuse lors de l’anniversaire d’un jeune garçon mexicain ou lorsqu’il déambule dans le désert, sa sempiternelle cigarette planté au coin des lèvres, comme pour défier la mort prochaine. Un air d’harmonica vient conclure cette touchante flânerie qui s’éloigne dans la lumière de l’Arizona. Un grand moment de vie !

Lucky
De John Carroll Lynch avec Harry Dean Stanton et David Lynch – 2017

* Harry Dean Stanton est mort en septembre 2017

Lucky affiche film

Civilisation. Comment nous sommes devenus américains

31 décembre 2017

Sommes-nous pro- ou anti-américains ? Pour Régis Debray, l’Amérique est une civilisation, qui, comme toutes les civilisations, s’étend et installe sa suprématie partout où elle mène ses conquêtes. Il montre en effet comment l’Europe, qui fut une civilisation, est devenue une culture sous l’emprise de l’empire américain. Elle l’est, non seulement dans l’utilisation des mots et des termes anglais (managers, disc-jockey, sampling, pure players, team building…) mais aussi dans les institutions et les comportements. Nous avons une First Lady. Le PS planche sur la société du care. L’université adopte le modèle graduate et post graduate et recommande le PhD à la place du doctorat d’État. À Sciences Po 60% des enseignements se font en  anglais et l’on a des visiting professors. On pratique les class actions et le name dropping. Les majorettes ouvrent les défilés. Le bien-être et le développement personnel sont au centre de la gestion des entreprises. Nous recevons des newsletters. iTélé est rebaptisée CNews… Alors, sommes-nous devenus américains ? Et l’Europe n’aurait-elle plus rien à dire ? Ne serait-elle plus qu’une « entreprise sans passion motrice » et ses institutions ne fonctionnent-elles qu’à l’anglais ? Finalement, Régis Debray laisse percer un brin d’optimisme. C’est lorsqu’une civilisation touche à sa fin et reprend les couleurs d’une culture que les talents s’épanouissent, comme dans la Vienne du début du 20ème siècle. Ainsi, l’Europe « déjà bien américanisée » ne meurt pas mais se transforme, sans perdre son âme.

Un livre passionnant, érudit et drôle à la fois. À mettre entre toutes les mains.

Civilisation. Comment nous sommes devenus américains, Régis Debray
Gallimard – Avril 2017

 

Jacques Portes ou L’itinéraire d’un cow-boy français*

3 décembre 2017

Jacques Portes, professeur émérite d’histoire de l’Amérique du Nord à l’Université de Paris 8 Vincennes-Saint Denis, est mort le 21 novembre 2017 d’une maladie foudroyante.

Jacques Portes est un historien spécialiste de la culture nord-américaine.  C’est lui qui, en 1975, a accepté de m’aider et m’a accompagné dans ma recherche sur les relations entre le cinéma et la religion aux États-Unis entre 1934 et les années 2000. Ce qui aurait pu être une thèse est devenu mon livre Hollywood, le prêtre et le nabab. Jacques Portes m’a accordé son soutien et sa confiance jusqu’à la publication du livre. Il avait une connaissance extraordinaire de l’Amérique du Nord, de la Californie en particulier et du cinéma hollywoodien.

Simple, curieux, attentif et bienveillant, je garderai toujours le plaisir de nos échanges sur le cinéma, sur l’histoire, sur la culture et le théâtre aussi car il était également chroniqueur dans la revue de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie.

Un dernier hommage, sensible et chaleureux, bien à son image, lui a été rendu au cimetière du Père Lachaise à Paris. C’est avec les mots de sa fille et avec ceux qui l’ont côtoyé professionnellement que je partage leur tristesse…  Il ne reste qu’à nous replonger – ou découvrir – ses livres et ses écrits pour rêver de grands espaces, de western, d’histoire américaine… bref, pour aller avec lui De la scène à l’écran**.

* L’itinéraire d’un cow-boy français, Jacques Portes, Ed. Vendémiaire (juin 2014)
** De la scène à l’écran, Jacques Portes, Belin (février 1997)

jacques portes
Photo Ed. Vendémiaire

Chinatown

25 septembre 2017

Chinatown, de Roman Polanski, est l’exemple parfait du film noir américain, dans la lignée des films de Howard Hawks ou de John Huston, tels Le grand sommeil ou Le faucon Maltais. Dans la ville de Los Angeles brulée par le soleil, comme elle l’est souvent, Jake Gittes, est un détective privé, interprété par Jack Nicholson, au sommet de sa forme. Il se trouve mêlé à une histoire à tiroirs, imbriqués les uns dans les autres. Voici notre détective Gittes chargé de pister un mari soupçonné d’adultère, un certain Hollis Milwray. Puis le film nous entraine dans une histoire sordide de secrets de famille, entre la femme de Hollis et son père Noah Croos (magnifique John Huston). Plus tard, Hollis est assassiné et Gittes mène l’enquête. Il découvre que l’assassin est probablement Noah Cross, ancien associé de Hollis, ingénieur intègre, dans la Compagnie des eaux. Vous suivez ? Mais ce n’est pas tout. Hollis est assassiné parce qu’il était opposé à la construction d’un réservoir d’eau. Le film se déroule donc durant la « Guerre de l’eau » entre la ville de Los Angeles et les habitants de la vallée de l’Owens, qui évidemment se plaignaient du détournement de l’eau de la Sierra Nevada stockée dans les lacs de barrage (« reservoirs ») de la ville. On assiste d’ailleurs à l’effondrement du barrage de St. Francis qui eut lieu effectivement en mars 1928. Aujourd’hui, la ville de Los Angeles est dotée d’un grand nombre de « reservoirs » dont les plus connus sont le Silver Lake Reservoir qui longe le Silver Lake Boulevard à Los Feliz et le Hollywood Reservoir, à l’est du Hollywood Sign et du Griffith Park.

Polanski filme Los Angeles avec un extraordinaire réalisme. La lumière, aveuglante et brûlante, le vent et le sable donnent cette impression de chaleur de plomb qui pèse sur les épaules des protagonistes. Les éclairages nocturnes de Chinatown confèrent à la fin du film sa vibrante dimension tragique. Une construction filmique, puissante et émouvante à la fois.

Chinatown, de Roman Polanski avec Jack Nicholson, Faye Dunaway et John Huston – 1974.
(Disponible en DVD-Blu-ray)

          LA_Skyline_Mountains2                            Chinatown_Nicholson

Veronica de Nelly Kaprièlian

21 août 2017

Après Le Manteau de Greta Garbo (Grasset, 2014) Nelly Kaprièlian est de retour dans la cité des anges.

Dans ce second roman, elle nous raconte l’histoire de Veronica, star oubliée de l’âge d’or hollywoodien, un personnage fictif largement inspiré du parcours de l’actrice Veronica Lake (même chevelure blonde cachant son œil droit, même addiction à l’alcool, même déchéance financière et sociale). Veronica est un roman dans lequel une journaliste française cherche à élucider le mystère de la star déchue, cinquante ans après sa mort. On repense évidemment au système hollywoodien qui faisait de ses stars des esclaves en paillettes et en strass et finissait par les rendre alcooliques, déprimées ou suicidaires, comme Veronica Lake justement, Marilyn Monroe, Ava Gardner et tant d’autres.

Dans ce roman quelque peu embrouillé, où la fiction et la réalité s’entremêlent sans cesse, le lecteur se retrouve souvent sur un terrain instable et déroutant. Dans une atmosphère à la David Lynch, Nelly Kaprièlian nous promène dans un Los Angeles glamour et étrange. Son héroïne fait le va et vient sur Sunset  Boulevard entre Hollywood et Santa Monica. On y croise le célèbre Musso & Frank Grill, où Raymond Chandler écrivait ses romans, le Sunset Tower Hotel, bijou Art Deco, le Chateau Marmont, lieu de tous les scandales, le Chinese Theatre et son Walk of Fame, les Pacific Palisades à Santa Monica…

Ode au cinéma, des images de films nous viennent à l’esprit à chaque coin de rue ou dans les virages de Mulholland Drive. Dans ce Los Angeles tentaculaire, Nelly Kaprièlian s’interroge sur le vertige de l’identité, les pièges de la célébrité, le voyeurisme et le m’as-tu-vu. À lire pour qui aime le cinéma et qui a la nostalgie de la cité des anges.

Veronica de Nelly Kaprièlian
Ed. Grasset, 2016

 

Miracle Mile

17 juillet 2017

Le film de Steve de Jarnatt réalisé en 1989 a été un flop à sa sortie, aussi bien aux États-Unis qu’en France. Il ressort en salles à Paris depuis le 30 juin 2017. Il s’agit d’un film de science-fiction mais de facture tout à fait inhabituelle, puisqu’il commence comme une comédie musicale et se termine en drame apocalyptique. Le héros, un anti-héros plutôt, reçoit un message téléphonique d’un inconnu, qui lui annonce qu’une catastrophe nucléaire va s’abattre sur Los Angeles. À partir de là, le film s’accélère. Dans une course d’enfer, pleine de suspens, le héros essaye d’échapper à la catastrophe, en emmenant avec lui sa bien-aimée, et fuir vers le pôle sud. Entre humour et scènes d’angoisse, le film progresse par bonds. Les protagonistes tournent en rond et se retrouvent toujours au même carrefour de Los Angeles, au Johnie’s Coffee Shop à quelques mètres du LACMA au cœur du quartier Miracle Mile (d’où le titre du film). Ce bar, typique de l’architecture Googie, longtemps fermé, qu’on a pu voir dans plusieurs films dont The Big Lebowski de Joel et Ethan Coen, a servi de QG à Bernie Sanders lors de la campagne présidentielle américaine en 2016. C’est là aussi, dans «The La Brea Tar Pits» (fosses de goudron) que viendra s’écraser l’hélicoptère qui devrait permettre à nos héros de fuir. S’en sortiront-ils ? S’agissait-il d’un bobard ? Ou est-ce l’apocalypse ? À chacun de se faire son film.

Miracle Mile, de Steve de Jarnatt, 1989 avec Anthony Edwards et Mare Winningham. Musique de Tangerine Dream.

Johnie's

La Nuit du chasseur

7 juin 2017

Je viens de revoir pour la énième fois La Nuit du chasseur, ce film emblématique sur les vilains prêcheurs ou les faux pasteurs, réalisé par Charles Laughton en 1954. J’ai choisi ce film pour illustrer la couverture de mon livre Hollywood, le prêtre et le nabab, J’ai eu envie d’en tirer quelques extraits pour vous.

Après un vol et un meurtre, Ben Harper a juste le temps de dire à ses enfants, John et Pearl, l’endroit où il a caché son butin et leur fait promettre de ne le révéler à quiconque, pas même à leur mère. Il est arrêté par la police et mis en prison où il partage la cellule avec Harry Powell (Robert Mitchum), un prêcheur arrêté pour un vol de voiture. Harper, dans son sommeil, livrera son secret. Une fois Harper exécuté, Powell est libéré et il commence alors une «chasse» au trésor qui le conduira d’abord à épouser la mère des deux enfants, puis à la tuer et à harceler les enfants. Rien n’y fait, John et Pearl tiennent leur promesse et fuient dans une barque la nuit pour échapper au prédicateur. On peut voir dans cette image une reconstitution allégorique de la légende des disciples du Christ traversant la mer avant que celui-ci ne les rejoigne en marchant sur l’eau.

Tout au long de ce périple, Powell, fou et exalté, déguisé en pasteur, ne cesse de s’adresser à Dieu et de réciter des textes sacrés. Il est persuadé que c’est Dieu lui-même qui guide ses actions meurtrières, en se référant à la Bible. Il arrive malgré tout à rejoindre les enfants. Mais, tel Moïse sauvé des eaux, ceux-ci sont recueillis par Mrs Cooper (Lillian Gish), une femme pieuse et bienveillante. Certes pour protéger les enfants, elle n’hésite pas à faire feu sur Powell, mais comme beaucoup de personnages des films hollywoodiens, elle assume sa responsabilité tout en étant en accord avec sa foi religieuse. Ne la voit-on pas d’ailleurs en médaillon dans le ciel comme le signe de la grâce divine ? Et n’est-elle pas aussi l’expression du bien et de l’amour face à la mort et la haine du faux prêcheur ? Dualité, «duélité» devrait-on dire, si bien exprimée par le tatouage sur les phalanges de Powell : L.O.V.E et H.A.T.E. La représentation d’un tel manichéisme ponctue l’intrigue par des effets stylistiques directement significatifs. Ainsi par exemple, lorsque Powell s’apprête à tuer sa femme couchée dans son lit, il lève son poignard vers le ciel comme s’il obéissait aux injonctions divines alors que sa femme prie, les yeux fermés, son visage baigné d’un halo de lumière. Les effets d’ombre et de lumière ainsi que les voutes mansardées de la chambre font de celle-ci une chapelle, bientôt ardente. De la même façon lorsque le corps de la mère est découvert sous l’eau du lac, c’est l’image d’une vierge immolée en sacrifice à Dieu que l’on aperçoit.

Lorsque Mrs Cooper veille les enfants, fusil à la main et que le révérend fait le siège de la maison, tous deux chantent à l’unisson un cantique, expression du clivage entre le bien et le mal. Face au mal de Powell, c’est Mrs Cooper qui porte en elle le bien. Vigilante et protectrice, on la voit assise avec son fusil et le jeune John à ses genoux, telle une vierge à l’enfant ou plus loin, telle une piéta, tenant l’enfant endormi entre ses bras.

Dans des noirs et blancs fortement contrastés et des éclats de lumière de facture expressionniste que l’on doit à l’excellence du chef opérateur Stanley Cortez, Robert Mitchum compose un personnage psychopathe et plein de haine. Il finira par être arrêté par la police. Le bien doit toujours vaincre.

Extrait du livre, Hollywood le prêtre et le nabab, page 165 – Éditions Bréal

La Nuit du chasseur, (The Night of the Hunter) – Charles Laughton – 1954
(Disponible en DVD et Blu-ray)

 

La ville des anges

15 mai 2017

« La ville des anges », c’est Los Angeles. C’est dans cette ville que Christa Wolf, auteure Allemande de l’Est, débarque pour résoudre une énigme mystérieuse : rechercher une certaine L… Celle-ci avait fui le régime nazi en laissant à son amie Emma une liasse de lettres, qu’elle remet à son tour à la narratrice, avant de mourir. Christa Wolf se retrouve donc dans cette « ville des anges » en 1990, là où plusieurs émigrés Allemands fuyant le nazisme, trouvèrent refuge tels le dramaturge Bertolt Brecht, le cinéaste Fritz Lang, les écrivains Heinrich et Thomas Mann ou encore le philosophe Theodor Adorno. Entre fiction et réalité, Christa Wolf découvre une Amérique multiple, un mélange d’images contrastées (Hollywood, le glamour, Santa Monica, la lumière, les évangélistes, les mormons…). Mais elle est aussi confrontée aux questions qu’on ne cesse de lui poser sur l’Allemagne de l’Est, ce qu’elle y faisait, ce qu’elle écrivait. Elle ne peut se défaire des fantômes du passé. Face aux accusations de collaboration avec le régime de la RDA ou de ne s’y être pas opposée, se sentant coupable, elle est contrainte de se justifier. En somme c’est l’Amérique qui la renvoie à son passé. Un passé qui lui colle à la peau alors même qu’elle cherche à l’oublier. Un passé qu’elle décrit, par la voix de sa narratrice, comme une errance à travers ses rêves et ses angoisses. Un livre puissant, foisonnant, complexe et passionnant. Un va et vient freudien entre le Berlin d’avant la chute du mur et le L.A. d’aujourd’hui.

La ville des anges  ou The Overcoat of Dr Freud
de Christa Wolf
Ed. Seuil 2012

La La Land

27 avril 2017

Los Angeles a désormais son «La La Land Day». Le 25 avril 2017 des danseurs se sont lancés sur la façade de l’Hôtel de Ville sur l’air de Another Day of Sun.

La La Land, le film oscarisé de Damien Chazelle raconte l’histoire de deux jeunes artistes en herbe, Mia et Sebastian, tentant désespérément de construire une carrière, lui dans le jazz, elle dans le théâtre. Le son du piano de Seb, subjugue Mia. Et voici l’amour qui vient se glisser dans leur parcours. Mais on se chamaille. On se stimule. On s’aime. On se sépare. On se retrouve. Et finalement, la carrière triomphe de l’amour. Le rêve américain, la recherche du succès et de la gloire l’emportent sur les sentiments. Elle, Mia, devient une actrice célèbre ; lui, Sebastian, crée son propre club de jazz. Et les deux se séparent avec dans les yeux un sourire d’une tristesse infinie. Voici un film prétexte à magnifier la ville de Los Angeles et à valoriser sa mythologie. La merveilleuse séquence chorégraphique de l’ouverture nous laisse voir l’immense étendue géographique de la ville depuis un échangeur autoroutier aérien. Tout au long du film, on retrouve quelques lieux qui ont marqué l’histoire de Hollywood et de Los Angeles : le Chateau Marmont, le fameux hôtel des stars sur Sunset Boulevard ; les Watts Towers, ces tours « Art brut » faites de bric et de broc ; le funiculaire Angels Flight, réouvert pour l’occasion et qui descend directement sur le Marché central. Sans oublier le Griffith Observatory sur les collines de Hollywood où fut tourné La Fureur de vivre, le film de Nicholas Ray avec James Dean. Comme Sebastian adore ce film, il emmène Mia à une projection, ce qui nous permet de profiter de quelques extraits. Et on a plaisir à voir nos deux héros imiter, même maladroitement, Fred Astaire dansant avec Ginger Rogers ou Cyd Charisse dans Tous en Scène de Minnelli. Au moins pour le ballet d’ouverture et pour cette belle balade dans los Angeles, La La Land vaut la peine d’être vu. Et rendez-vous l’année prochaine pour la seconde édition du «La La Land Day».

La La Land, film musical américain de Damien Chazelle avec Ryan Gosling et Emma Stone – 2016. (Disponible en DVD et blue-ray aux États-Unis).