Le blog de Camille et David

J'ai deux mots à vous dire



« Loin du paradis » : Une femme libre

8 novembre 2022


Photo : AlloCiné

Quelle femme modèle, quelle maitresse de maison exemplaire, quelle mère de famille, élégante et dévouée que cette Cathy Whitaker (parfaite Julianne Moore). Mais jusqu’à quand ? Comment cette image du bonheur façon American Way of Life va se fracturer face à l’hypocrisie et aux conventions sociales. C’est la lente métamorphose de cette femme que Todd Haynes nous dévoile, étape par étape, dans ce magnifique, subtil et émouvant Loin du paradis. Fin des années 1950, Cathy Whitaker vit avec son mari Frank (Dennis Quaid) homme d’affaires respecté et ses deux enfants dans une splendide villa entourée de son jardin fleuri. Elle est interviewée par la gazette locale comme l’admirable maîtresse de maison qu’elle est. La vie semble ainsi s’écouler dans une harmonie et un bonheur sans égal dans un cadre résidentiel merveilleux. On est ébloui par l’éclat des couleurs. Le rouge, l’ocre, l’oranger, sont de tous les plans. Cathy et ses amies dans le jardin, échangent des propos intimes et portent d’élégantes robes rouges et oranges comme sorties d’un défilé de mode haute couture. Les érables éclatants et l’ocre des feuilles mortes de l’automne envahissent l’écran. Est-ce l’annonce d’une fin prochaine, la fin de l’insouciance ? La musique composée par Elmer Bernstein semble le confirmer et vient ponctuer les étapes de l’effritement de ce bonheur apparent.

Voici que Cathy découvre que son mari est homosexuel. Elle essaye bien de l’aider à se défaire de cette « maladie », sans succès. Frank poursuivra sa route, en butte aux préjugés homophobes caractéristiques de ces années là. Cathy, elle, se résigne.

Mais elle ne se laissera pas aller ! Elle ira se réconforter auprès de Raymond (Dennis Heysbert) son jardinier, un noir, un homme affable et cultivé. Lorsque se promenant dans son jardin, Cathy perd son foulard mauve, emporté par le vent, c’est Raymond qui le lui rend. Dans ce plan d’une grande délicatesse, on voit poindre entre les deux personnages, le début d’un sentiment amoureux. Leurs rencontres se poursuivront. On les voit ensemble lors d’une exposition dans une galerie admirant une toile de Miró. Ils dinent dans un restaurant dont la clientèle est exclusivement noire. Les préjugés sont là encore présents. La caméra filme en travelling le public du restaurant, incrédule, face à ce qui pourrait être une provocation. Mais c’est la ville entière qui exprime sa désapprobation. Des regards hypocrites, de haine retenue se portent sur eux dans des plans qui attestent le racisme de toute la société. Même la meilleure amie de Cathy lui claque la porte au nez, comme une métaphore de toute la lâcheté de la population.

C’est d’ailleurs dans des relations binaires que se structurent les deux axes du film. Cathy et Raymond comme pôle qui coagule le racisme, Cathy et Frank comme pivot autour duquel l’homophobie s’exprime. C’est dans l’impossibilité de tenir la dualité de ces liens, dans la souffrance nécessaire de leur rupture que Cathy largue les amarres et devient une femme libre, pour un nouveau départ. Pour un nouveau printemps, comme les fleurs blanches du dernier plan le suggèrent.

Loin du paradis
Todd Haynes

USA/France – 2002
Avec Julianne Moore, Dennis Haysbert, Dennis Quaid
Musique : Elmer Bernstein
Disponible en DVD et Blu-ray

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À la recherche de Garbo : Une quête de soi

2 novembre 2022


Photo : Freakin’ Geek

Dans À la recherche de Garbo, tourné en 1984, Sidney Lumet raconte l’histoire d’Estelle (la toujours magnifique Anne Bancroft), une femme battante, engagée dans tous les combats pour la justice et le droit. Ne la voit-on pas faire la leçon à des ouvriers sur un chantier, inciter une infirmière à se syndiquer et même être emprisonnée ? Mais en même temps, elle est envahie par un amour fou pour Greta Garbo qui a nourri son imaginaire tout au long de sa vie. 

Un jour, elle apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur au cerveau et que ses jours sont comptés. Son dernier voeu avant de mourir, c’est de rencontrer la star de ses rêves. Et c’est ce qu’elle demande avec insistance à son fils Gilbert (Ron Silver) qui va tout faire pour exaucer son voeu.

Dans la chambre d’hôpital, lorsque Garbo, toujours filmée de dos, vient enfin lui rendre visite, dans des sanglots d’une intense émotion, Estelle lui raconte sa vie ponctuée de ses rencontres imaginaires avec la Divine. Le visage d’Estelle, filmé de face et le dos de Garbo en premier plan semblent fusionner pour former un continuum entre les deux personnages, un peu comme Le baiser d’Edvard Munch ou celui de Gustav Klimt. C’est face à cet imaginaire idéalisé qu’Estelle s’éteint. Elle ne passe pas de la vie à la mort, mais du rêve d’une vie à sa disparition. Elle devient Garbo.

Le plan suivant s’ouvre sur la chambre d’hôpital, vide, lit replié, Gilbert ramassant les dernières affaires de sa mère. Evaporée, comme l’est Greta Garbo, que reste-t-il d’Estelle ? Où sont passés son militantisme, ses coups de gueule, ses luttes contre l’injustice ? C’est justement ce qu’elle transmet à son fils lorsqu’elle lui demande vouloir rencontrer Greta Garbo avant de mourir, la Garbo de ses rêves dans lesquels elle se retranchait pour échapper aux injustices du monde. Voici Gilbert donc, prénommé ainsi en hommage à John Gilbert, le partenaire de la Divine dans plusieurs films, chargé de l’impossible mission de retrouver Greta Garbo. Tout au long de situations des plus rocambolesques, il passe de son statut de simple petit comptable timide au digne fils de sa mère, capable de relever les défis qui s’imposent à lui. L’humour traverse aussi ses expéditions. Son patron lui fait la leçon comme à un petit écolier, il se fait éjecter par un majordome lorsqu’il tente de livrer des colis à Garbo ou se retrouve tout habillé dans l’eau essayant de rejoindre l’hydravion qui emmène Garbo vers quelque destination. Mais l’aventure endurcit. Il quitte sa femme qui ne cessait de le houspiller, il donne sa démission en injuriant son patron…

Au terme de leur parcours, les personnages se retrouvent eux-mêmes, comme dans une introspection dynamique. Estelle, avant de mourir emporte avec elle les rêves de toute une vie irriguée par la magie du cinéma. Gilbert, en réussissant sa mission, s’approprie l’héritage de sa mère et est prêt a affronter, comme elle le faisait, les adversités et les incertitudes de la vie… Et Garbo, comme toujours, invisible et inatteignable. Des destinées, filmées au plus près de leur personnalité dans ce qu’elles ont de plus profond en elles, dans leur quête de soi. Emotion, humanité, légèreté et humour… tout l’art de Sydney Lumet est ici remarquable.

À la recherche de Garbo
Sydney Lumet
USA – 1984
Avec Anne Bancroft et Ron Silver
Disponible en DVD et Blu-ray

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« Le troisième homme » : La force de l’absence

11 septembre 2022


Photo : AlloCiné

Depuis sa sortie en 1949, Le troisième homme de Carol Reed a toujours été considéré partout et par tous comme un chef-d’oeuvre, un sommet du cinéma. Eh bien oui, Le troisième homme est un chef-d’oeuvre, un archétype du film noir. Le scénario, construit à partir du roman de Graham Green, est d’une limpidité exemplaire. L’écrivain américain Holly Martins (Joseph Cotten) est invité à venir à Vienne pour travailler avec son ancien ami Harry Lime (Orson Welles). Sitôt arrivé, il apprend que son ami est mort dans un accident de voiture. On suspecte Harry Lime d’avoir eu des activités criminelles. L’écrivain veut comprendre et mène l’enquête aidé du Major Calloway (Trevor Howard). La mise en scène magnifique de Carol Reed déploie l’intrigue dans la Vienne occupée de l’après-guerre, dévastée et en ruines. 

Plus qu’un décor, la ville est au coeur du film. Elle donne du sens et de la puissance aux scènes où se déroule l’action. La tristesse des rues froides, faiblement éclairées avec ses pavés luisants est en phase avec la psychologie des personnages. Les romans de Holly sont médiocres et n’ont pas un grand succès, tout comme les conférences sur la littérature qu’on lui demande de faire. C’est un « looser », angoissé, indécis et dépassé par les événements. Son anxiété est soulignée par les images en pénombre de la ville, filmée par une succession de plans obliques. Quant à Harry, c’est un être indifférent à la souffrance des autres, cynique, dominateur et habité par le mal. Recherché par Holly et le Major Calloway, sa présence dans le film est d’une fantastique étrangeté. C’est surtout son absence de l’écran qui assure en quelque sorte sa présence. Le spectateur est envahi par cette absence et attend avec impatience son apparition. Et celle-ci se manifeste dans cet extraordinaire plan où un chat miaule collé aux chaussures d’un homme caché sous un porche. À cet instant le visage souriant d’Orson Welles apparait en gros plan et en pleine lumière, puis disparait laissant Holly désemparé mais convaincu que Harry est toujours vivant. 

Plus tard, la présence de Harry se manifeste à nouveau, éclatante de force et d’autorité cette fois, lorsqu’il rejoint Holly dans la grande roue du Prater. C’est alors que l’écrivain comprend que Harry est un criminel. Il est prêt à collaborer avec Calloway et le trahir. La fin du film est un sommet de mise en scène expressionniste que l’on doit au chef opérateur Robert Krasker. Holly et les militaires se lancent à la poursuite de Harry. Sa silhouette et son ombre se découpent et se projettent dans les tunnels des égouts, obligeant le spectateur à concentrer son regard et son attention sur lui. Quelle extraordinaire séquence, d’ombres et de lumières, de contrastes, de plongées et de contre-plongées, de plans saccadés, d’échos de pas ! Et cette musique, universellement connue, lancinante, qui ponctue toutes les scènes majeures du film pour en souligner leur noirceur. Les notes de cithare s’égrènent comme en contradiction avec le rythme effréné de la course-poursuite finale. Le coup de feu de Holly claque. L’ombre massive de Harry s’effondre. L’absence devient présence… dans la mort. Au sortir du cimetière, dans un très long plan final, Holly attend qu’Anna (Alida Valli), l’ancienne maitresse de Harry dont il est amoureux, vienne le rejoindre. Mais non, Anna, fière, passe devant lui, sans un regard. L’effondrement moral du malheureux Holly, lui, est sans fin ! 

Nous avions dit : un chef-d’oeuvre ? Oui, assurément.

Carol Reed
Grande Bretagne/USA – 1949
Avec Joseph Cotten, Orson Welles, Alida Valli, et Trevor Howard
Disponible en DVD et Blu-ray

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« Elvis » : Le rebelle

29 août 2022

Photo : AlloCiné

On savait Baz Luhrmann extravagant dans ses mises en scènes, comme dans Moulin Rouge ou Gatsby le magnifique. Il en est de même avec Elvis. Il se déchaîne littéralement avec la même énergie qu’Elvis exprimait dans ses déhanchements. Tout le film réside dans un montage rapide et accéléré que les séquences en Split Screen accentuent. Toutes les étapes de la vie d’Elvis sont évoquées, surtout celles que l’on connait moins. L’influence de la musique noire qu’il découvre lorsqu’il était encore enfant est bien soulignée au début du film. Il affirme des positions anti ségrégationnistes et ses liens avec les musiciens noirs tels B.B. King. Il est ébranlé par les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy. Mais au-delà du biopic, c’est la relation ambiguë d’Elvis avec son manager que Baz Luhrmann décrit. Un manager étonnant, le « colonel » Parker, interprété par un Tom Hanks méconnaissable, qui accompagne, dirige et contrôle la carrière d’Elvis et qui au passage s’attribue l’argent de la gloire. Elvis lui, chante, danse et rend hystérique son public, féminin surtout, dans des habits de lumière et dans des décors éclaboussants de couleurs. Un tel défi à la morale de l’époque lui vaudra d’ailleurs d’être menacé d’interdiction de concerts et de télévision. La composition d’Austin Butler dans le personnage d’Elvis est prodigieuse et époustouflante. On a l’impression d’une réincarnation d’Elvis sur scène, c’est à s’y méprendre. Son jeu, ses déhanchements, son chant sont au diapason du rythme rapide et saccadé des images de Baz Luhrmann. C’est tout simplement vertigineux !

Autant le personnage de Tom Hanks est cynique et manipulateur, autant celui d’Elvis est naïf… quoique ! Il est pris dans le filet que lui tend le colonel, esclave en quelque sorte de ses manoeuvres. Mais la star a du ressort. Lors d’un concert à Las Vegas, Elvis refuse de chanter les chansons bien-pensantes que le colonel lui imposait et se lance dans une démonstration éclatante du style qu’il aimait et qui avait fait sa gloire. Filmé comme Baz Luhrmann sait le faire, on assiste avec jubilation à un déferlement, comme un torrent, des morceaux les plus connus d’Elvis… avant que les dernières images nous donnent à voir le vrai Elvis, malade et bouffi, chantant Unchained Melody, dans une séquence d’une intense émotion et d’une grande mélancolie.

Elvis
Baz Luhrmann
USA/Australie – 2022
Avec Austin Butler et Tom Hanks
En salles depuis juillet 2022
Disponible en DVD et Blu-ray

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« Two Lovers » : Amour fou, amour sage

19 août 2022


Photo : Première

Toutes les couleurs de l’amour. C’est bien ce que l’on peut voir dans Two Lovers, le film de James Gray tourné en 2008. Leonard (Joaquim Phoenix) est un jeune homme dévasté par l’impossibilité d’épouser celle qu’il aimait pour des raisons médicales. Dès l’ouverture du film, dans une scène d’une infinie tristesse, la caméra suit en plan rapproché, le pas lent de Leonard se dirigeant vers l’eau. Il est repêché, et trempé il retourne chez ses parents qui, sans rien dire, devinent qu’il a encore fait une tentative de suicide. La sobriété de la mise en scène, le regard bienveillant et protecteur de la mère Ruth (magnifique Isabella Rossellini) en disent long sur l’amour qu’elle porte à son fils. Une fois séché et changé, il accepte d’être présent au diner où viendront tous les membres de la famille Cohen qui envisage de racheter l’entreprise du père de Leonard. Un lien de sympathie et de séduction se noue entre la fille ainée Sandra Cohen (Vinessa Shaw) et Leonard. C’était bien le souhait des deux familles. Un amour sage va naitre entre les deux jeunes gens, encadré par la tradition familiale, un amour sincère, profond en vue d’un mariage quelque peu arrangé cependant.

Ce n’est pas de cet amour là qu’il sera question, lorsque plus tard, Leonard rencontre la belle Michelle (Gwyneth Paltrow) dans les escaliers de son immeuble. C’est le coup de foudre. Un amour vagabond s’installe entre eux. Un amour sans limite, au grand air, libre de toutes contraintes, ouvert au vent des incertitudes. Leonard et Michelle dialoguent amoureusement sur le toit de la terrasse de l’immeuble, à l’air libre, où ils se rencontrent à plusieurs reprises. C’est dans un cabaret qu’ils se déchainent en dansant. Mais c’est aussi un amour à distance, comme un jeu à deux. C’est un plaisir de voir comment la caméra filme les contorsions de Leonard lorsqu’il suit, sans en avoir l’air, Michelle dans le métro. Les voici communiquant depuis leurs fenêtres respectives, en champ/contrechamp, elle plongeant son regard vers Leonard, lui, en contre-plongée avec son appareil photo, pour « attirer son attention » dit-il. Car il faut le rappeler, Leonard s’exerce à la photographie pour oublier ses douleurs passées. Et c’est depuis sa fenêtre que Michelle lui dévoile ses seins comme une photographie traversant la cour de l’immeuble. Amour libre, à distance mais aussi peut-être amour secret, camouflé. La famille n’en sait rien. L’amant de Michelle, Ronald (Elias Koteas), marié et père de famille ne se doute de rien. C’est caché derrière une porte de la chambre d’hôpital où Michelle a été admise à la suite d’une fausse-couche, que Leonard attend le départ de Ronald pour lui tracer sur le bras un délicat « je t’aime ».

Tout le contraire des liens de Léonard avec Sandra. Ici tout est codifié, encadré par les règles traditionnelles des familles. Et par la promesse d’un mariage prochain signifié par les gants que Sandra offre à Leonard, sur la plage. À cette exception près, tout se passe en intérieur, dans les milieux feutrés des appartements ou des bureaux. Amoureux de Sandra, Leonard ne peut résister à sa passion pour Michelle. Et Michelle elle, accepte de partir avec lui, d’autant plus que Ronald n’est pas prêt de divorcer. Tous deux préparent leur fuite et Leonard, en pleine soirée de Nouvel An, cherche à s’esquiver. Il est surpris par sa mère et lui apprend la vérité. Encore une admirable séquence d’intense émotion où Ruth n’empêche nullement son fils de partir et lui demande seulement de lui dire qu’il est heureux. Quelle belle confrontation que cette amour maternel, plein de douceur, face à l’amour fou et urgent de Leonard !

Mais la fuite n’aura pas lieu. Ronald décide finalement de divorcer et d’abandonner sa famille. Michelle se voit contrainte de le suivre. Fin de la fougue amoureuse. Dévasté, le visage en larmes, Leonard se dirige à nouveau vers la plage, avec la même lenteur qu’à l’ouverture du film. Alors qu’il vient de jeter dans un geste de colère, la bague promise à Michelle, il revoit le gant que Sandra lui avait offert. Son visage reprend vie peu à peu et il décide de retourner vers sa famille. La caméra saisit en plan rapproché le  regard triangulaire sobre et silencieux échangé entre Léonard, Ruth et Sandra laissant deviner un bonheur retrouvé. Leonard enlace Sandra et, en larmes, lui enfile la bague récupérée. Une nouvelle voie s’ouvre pour Leonard, une voie dont il a grand besoin pour pour résoudre son déséquilibre et ses ambivalences amoureuses. Avec élégance et raffinement, James Gray conclut son film sur l’impossibilité d’un amour fou, d’un amour déviant. Il ne reste plus qu’à se conformer aux normes. La folie n’a qu’un temps. La sagesse – ou la raison – reprend ses droits. Hélas, serait-on tenté de dire !

Two Lovers
James Gray

USA – 2008
Avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Elias Koteas et Isabella Rossellini
Disponible en DVD et Blu-ray
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« Bigamie » Une dualité au carré

14 août 2022


Photo : AlloCiné

Bigamie, réalisé par Ida Lupino en 1953, est un film aux caractéristiques hollywoodiennes des plus classiques mais sans leur glamour habituel. C’est aussi un film noir sans l’aspect spectaculaire qui lui est propre. Tout se joue dans la dualité ou dans l’opposition entre des personnages, des situations, comme dans un jeu de miroirs déformants.
Harry (Edmond O’Bien) et Eve (Joan Fontaine) forment un couple apparemment aimant, mais on sent bien qu’il s’agit là d’une façade qui cache sa lente désagrégation. Eve ne peut pas avoir d’enfant. Son besoin de maternité frustré l’entraîne dans une course entrepreneuriale mensongère schizophrénique. Schizophrénique l’est aussi le parcours de Harry. Il se sent délaissé, il vit à San Francisco avec Eve mais travaille à Los Angeles où il passe la moitié de son temps. C’est là qu’il rencontre Phyllis (Ida Lupino). Il en tombe amoureux et envisage de l’épouser. De son côté, Eve décide finalement de lancer une procédure d’adoption ce qui fait revenir Harry au foyer. Pas pour longtemps car Phyllis est enceinte et Harry ne peut pas l’abandonner. Contraint et forcé, il l’épouse et cherche ainsi à échapper à la dualité schizophrénique de sa situation. Il se retrouve bigame et passible de poursuites judiciaires.
La mise en scène d’Ida Lupino décortique parfaitement les imbrications de ces dualités contrastées. Harry est marié à deux femmes et vit dans deux lieux différents. Eve, ne pouvant avoir d’enfant, se réfugie dans l’activité professionnelle et finalement accepte l’adoption. Phyllis refoule son attraction amoureuse lorsqu’elle apprend que Harry vit avec une autre femme, puis retrouve sa passion lorsque Harry lui propose de l’épouser. Ces jeux de miroirs sont bien le signe des films noirs. Mais ici, c’est un film noir pas tout à fait noir.
Tout au long du récit, en voix off, Harry décrit au passé son parcours, que le spectateur voit à l’écran. On suit les investigations de l’enquêteur de l’agence d’adoption avec suspense jusqu’au moment où il découvre le « crime » de bigamie. Là où le héros aurait été représenté en affreux malfrat, façon Hollywood, Ida Lupino fait de Harry un homme mélancolique, fragile et solitaire, toujours déterminé par les autres et les contraintes sociales. Comme l’est d’ailleurs Eve, dans son besoin de fonder une famille. Comme l’est également Phyllis dans son besoin d’autonomie. Les personnages d’Ida Lupino ne sont jamais libres de leurs choix et font ce que la situation leur impose. L’apparition de l’amour aussi est à l’opposé des codes hollywoodiens. Harry aime profondément Eve, discrètement en silence. Sa rencontre avec Phyllis ne relève en rien de la drague viriliste. L’amour arrive peu à peu, par le dialogue, par une connaissance réciproque. La scène du car montre bien la façon de faire d’Ida Lupino. Harry se rapproche doucement du siège où Phyllis est assise, s’assoie près d’elle et engage un dialogue simple et serein. Des moments vrais que la fin du film hélas contredira quand les deux femmes porteront sur Harry devant ses juges, un regard emprunt de désespoir, de tristesse… et d’amour.

Bigamie
Ida Lupino

USA – 1953
Avec Edmond O’Brien, Joan Fontaine et Ida Lupino
Disponible en DVD et Blu-ray

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« Traquenard » : Un polar flamboyant

8 avril 2022

Photo : AlloCiné

Le film de Nicholas Ray, Traquenard, tourné en 1958, trois ans après La fureur de vivre, cultive avec lui une même virtuosité dans la mise en scène. Il ouvre la voie à des réalisateurs tels Francis Ford Coppola, Martin Scorsese ou Brian De Palma, tous fascinés par les films de gangsters comme l’est Traquenard. Justement, Nicholas Ray est un réalisateur qui maîtrise tous les genres cinématographiques. Et c’est bien le cas ici. Traquenard est certes un film noir, mais c’est aussi un mélodrame, une comédie musicale, un film de prétoire. Voici des gangs qui font main basse sur Chicago durant la Prohibition en 1930. Un parrain mafieux, Rico Angelo (Lee J. Cobb, impressionnant) entretient des relations ambiguës avec son avocat et ancien ami d’enfance Thomas Farrell (Robert Taylor). Ce dernier arrive sans peine à faire acquitter les hommes de Rico sans éprouver semble-t-il une quelconque gêne morale. Jusqu’à ce qu’il rencontre dans une soirée organisée chez Rico, la danseuse Vicki Gaye (Cyd Charisse). Il est séduit et la protègera contre les agissements malveillants de Louis Canetto, l’adjoint de Rico. Le film trouve ici sa dimension mélodramatique. Des personnalités contrastées vont se séduire et s’aimer : lui, Farrell, boiteux se déplaçant avec une canne et naviguant dans les eaux troubles de la mafia ; elle, Vicky, merveilleuse danseuse au sens moral sans faille, faisant tout son possible pour amener Farrell à ne plus se compromettre. Le décor favorise le romantisme qui s’y déploie avec ses couleurs rouge et or et les numéros envoutants de danse de Cyd Charisse, probablement, deux des plus belles scènes de danse du cinéma. Ces danses d’une sensualité inouïe de Cyd Charisse, crèvent l’écran et nous plongent dans les grands moments de la comédie musicale hollywoodienne. 

Retour au crime, où là encore Nicholas Ray manie les contrastes avec un sens aigu du détail. La personnalité de Rico, faite tout d’un bloc, abrupte et tyrannique, face à celle ambivalente et tourmentée de Farrell, au sein desquelles s’intercale la figure de Cyd Charisse en quête de rédemption pour elle et pour Farrell. Contraste encore jusque dans le style des vêtements, criards et débraillés des mafieux, élégants et raffinés de Farrell dans son smoking noir… Puissance despotique de Rico au visage toujours barré de son éternel cigare ; fragilité de Farrell qui, à la suite d’une blessure passée, ne peut se déplacer sans sa canne. Même le loufoque se glisse au milieu des scènes de violence ou de romance. Ne voit-on pas pleurer Rico lorsqu’il apprend le mariage de la star Jean Harlow dont il était amoureux ? Et à la cruauté de l’acide sur le visage de Rico se jetant dans le vide s’opposent la sensibilité et le raffinement des danses de Cyd Charisse. Contraste enfin, et c’est peut-être là que réside toute la beauté du film, entre les couleurs sombres ou en demi-teinte des séquences criminelles et la flamboyance des rouges et des ors des scènes romantiques. Finalement, l’amour de Farrell et Vicki triomphe dans son combat contre la haine et la mort. Happy End ! 

Traquenard
Nicholas Ray
USA – 1958
Avec Robert Taylor, Lee J. Cobb, Cyd Charisse
Disponible en DVD et Blu-ray

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« Old Joy » : S’égarer pour se trouver

28 février 2022

Photo : EcranLarge

Au même titre que les peintres Paul Cézanne ou Francis Harburger peignaient les objets en les extrayant de leur quotidienneté, Kelly Reichardt en fait de même avec les deux personnages de son film Old Joy tourné en 2006. Mark (Daniel London) et Kurt (Will Oldham), deux amis qui ne s’étaient pas vus depuis longtemps, reprennent contact et décident de passer un week-end dans la foret. À vrai dire, c’est Kurt, hippie attardé, qui prend l’initiative de cette escapade et d’arracher Mark des contraintes qui pèsent sur lui au jour le jour. Dès le début du film, la cinéaste décrit l’existence répétitive de Mark, son yoga de cadre responsable, les tâches ménagères de sa femme avant le départ avec Kurt. La caméra balaye de loin, avec élégance et lenteur, les maisons qui défilent, les jeunes jouant au basket, les centres commerciaux, les usines… comme pour mieux nous signifier la quotidienneté de l’existence. Et ce sont bien de ces contraintes de la vie urbaine dont Kurt et Mark veulent se libérer le temps d’un week-end. Les voici tous deux dans la voiture en partance pour des sources chaudes dans l’Oregon. Leur relation nous apparaît quelque peu énigmatique. Cherchent-Ils à expliciter leurs différences ou leurs désaccords ? À partager une même vision du monde ? Kurt ne cesse de parler, d’exprimer des opinions, de raconter des anecdotes, d’énoncer des préceptes plutôt confus, alors que Mark reste figé dans un silence inquiet. 

La nature autour d’eux imprègne les personnages d’une nostalgie d’un monde moins déroutant. La nostalgie est d’ailleurs au centre du discours de Kurt, « la tristesse c’est de la joie passée », assène-t-il avec aplomb. C’est ici, dans la foret que « l’on est tranquille », « il n’y a personne ici… c’est bon d’être en dehors de la ville » ajoute-t-il. Mais en même temps, il fait un constat ambigu sur les bienfaits de la nature. Alors qu’ils sont en train de préparer leur picnic près d’une décharge, Kurt encore nous fait remarquer « qu’il y a des arbres dans la ville et des ordures dans la foret ». C’est là très certainement un message critique que Kelly Reichardt fait passer aux responsables gestionnaires des villes.

Il est fort probable, dans leur marche vers les sources chaudes, que leur amitié se reconstruise, sereine et paisible. Nous les voyons ensemble immergés dans les piscines d’eau chaude. Kurt pratique un massage des cervicales avec douceur à Mark, enfin détendu.

Ainsi, en parlant, en dialoguant, en se prodiguant des mots et des gestes d’affection, dans la tranquillité de l’environnement que Mark et Kurt se libèrent de la quotidienneté de leur existence, qu’ils se dépouillent de leur identité sociale. Grâce à cette respiration de quelques heures, ils vont pouvoir reprendre leur activité avec plus de confiance, avec plus de sérénité, sans inquiétude et sans ressentiment. La nature, ça fait du bien ! Dans ce film où il ne se passe quasiment rien, Kelly Reichardt signe une oeuvre poétique et humaniste à la gloire de la nature, comme elle le fera plus tard avec Certain Women ou First Cow par exemple (voir Archives du blog).                                                                    

Old Joy
De Kelly Reichardt
USA 2006
Avec Daniel London et Will Oldham
Disponible en DVD et Blu-ray

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« L’impasse » : Une équation mortelle

24 février 2022


Photo : notrecinema

Fin des années 1970. Carlito Brigante (Al Pacino) ancien trafiquant de drogue sort de cinq années d’emprisonnement et décide de se ranger et de changer de vie. Mais y arrivera-t-il ? Brian De Palma dans L’impasse (tourné en 1983), nous fait naviguer avec Carlito sur le long fleuve semé d’embûches, aux mille méandres vers un havre incertain. On l’a deviné, le titre du film en dit long sur l’issue qui attend Carlito. Brian De Palma, ne nous cache rien. Dès le premier plan, un plan-séquence comme les aime le cinéaste, la caméra filme Carlito Brigante, sur une civière, mourant. Tout est dit ? Non. La voix off d’Al Pacino, refait le récit de sa tentative de rachat. Voici son meilleur ami, l’avocat David Kleinfeld (Sean Penn) cocaïnomane à frisettes sur un crâne à moitié chauve grâce à qui Carlito a pu éviter les 30 ans de réclusion qu’il aurait du purger. Voici un ancien détenu qui lui propose de s’associer dans une affaire de location de voitures. Très bien, cela lui permettra enfin de tourner la page et de partir aux Bahamas avec la femme de sa vie, Gail (Penelope Ann Miller). 

On est frappé par le sentimentalisme qui se dégage dans sa recherche de Gail, son ancienne petite amie avant son incarcération. On lit dans les yeux de Carlito son émotion lorsque depuis un balcon, il l’aperçoit répétant des pas de danse dans un immeuble lui faisant face. Émotion encore et poésie lors de leurs retrouvailles amoureuses. Et espoir de partir bientôt ensemble pour une nouvelle vie.

On est aussi impressionné par la nonchalance avec laquelle Carlito règle les affaires dans la boite de nuit où il est associé. Avec quelle précision il se défait de mafieux avec une boule de billard puis jette son revolver par dessus son épaule. Quel fair play manifeste-t-il à l’égard de son ancien rival, gros bonnet de la drogue, Benny Blanco, qu’il laisse partir à la suite d’affrontements, alors même que ses lieutenants menaçaient de le tuer… Autant de séquences qui se déroulent dans des décors et une atmosphère  de fin de règne : danseurs flous, numéros de strip-tease, fêtes orgiaques observées avec flegme par Carlito, comme s’il était déjà ailleurs. 

Ainsi, l’espoir de partir bientôt avec Gail est toujours là, en arrière fond de sa pensée, nette et déterminée. Mais entre temps, que de contrariétés, que de coups foireux, que de trahisons de ses anciens amis, notamment de David Kleinfeld, son avocat pourri. Celui-ci se voit confié par un de ses clients, Tony Taglialucci, un truand emprisonné, un million de dollars à remettre à un témoin pour l’innocenter. Le témoin dit n’avoir rien reçu et Tony oblige David à organiser son évasion. C’est alors que David propose à Carlito de l’accompagner. Celui-ci accepte de mauvaise grâce. Mais David avait en fait empoché l’argent et lors de l’évasion il tue Tony et son fils, entraînant Carlito dans ces deux meurtres. David sera tué en représailles par un autre fils de Tony.

C’est le moment pour Carlito d’envisager son départ à l’étranger. Il donne rendez-vous à Gail à la gare de New York et passe à la boite de nuit dans laquelle il était associé pour retirer son argent. Se rendant à la gare, il est repéré par la bande de Tony. La poursuite dans le métro est à couper le souffle, entre portières de séparation des rames et voyageurs bousculés. Puis c’est l’arrivée au Grand Central Terminal. Commence alors un extraordinaire plan-séquence de 12 minutes, une visite du lieu si l’on peut dire, avec ses couloirs, ses panneaux indicateurs, ses vues vertigineuses sur le hall central en plongée. Avec une minutie et une précision époustouflantes, avec un regard acéré qui ne lâche jamais ses poursuivants, Carlito, couché dans un escalator abat ses ennemis un à un. Arrivé sur le quai de la gare, Carlito retrouve Gail, mais, trahi par son homme de main, il est immédiatement abattu par Benny Blanco. Son destin est scellé. Rédemption impossible. Flash back : on revoie le premier plan du film, Carlito sur une civière mourant voit une annonce publicitaire pour les Bahamas sur laquelle des musiciens jouent, et Gail danse à leurs côtés. Un final qui évoque la chanson de Claude Nougaro, À bout de souffle (Blue Rondo à la Turk) : … Avec la mallette, je l’ai frappé, alors le coup de feu a claqué / Me clouant sur place / Oh Suzy, t’en fais pas / Je te suis, on y va / Les palaces, le soleil, la mer bleue / Toute la vie, toute la vie / Toute la vie.

L’impasse
De Brian De Palma
USA – 1983
Avec Al Pacino et Sean Penn
Disponible en DVD et Blu-ray

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« L’Odyssée de l’African Queen » : L’amour malgré tout 

18 février 2022


Photo : notrecinema

L’amour entre deux êtres ne pourrait-il éclore et s’accomplir que dans la confrontation de leur personnalité ? Et ne pourrait-il perdurer que grâce à l’humour ? C’est ce que John Huston essaye de démontrer dans L’Odyssée de l’African Queen, qu’il a tourné en 1951. Le film décrit les relations entre Charlie, un aventurier (Humphrey Bogart), et Rose Sayer, une missionnaire méthodiste (Katharine Hepburn), en Afrique orientale au début de la Première Guerre mondiale. À bord du bateau de Charlie, l’African Queen, ils essaient d’échapper aux Allemands qui brûlent le village où est installée la mission et brutalisent le pasteur, frère de Rose, qui en mourra. Il est intéressant de noter, dès le début du film, comment les deux missionnaires sont saisis de stupeur lorsque Charlie leur annonce qu’il y a la guerre en Europe alors qu’ils sont plongés dans leur mission d’évangélisation, en toute insouciance. La caméra nous montre les indigènes noirs indifférents aux efforts du pasteur, mais pressés de se saisir des signes de l’Occident, comme ils le font lorsqu’ils se précipitent sur le cigare jeté par Charlie. Ils n’en profiteront pas bien longtemps. Les Allemands, dans leurs exactions, ne tarderont pas à les évacuer brutalement pour en faire de la chair à canon.

Seuls sur ce petit bateau bringuebalant, le baroudeur Charlie, un rien grossier et porté sur l’alcool et la prude Rose, puritaine mais décidée, vont devoir cohabiter et affronter les épreuves qui les attendent. Alors que Charlie ne cherche qu’à se camoufler pour échapper à la canonnière allemande la Louisa, Rose propose et insiste pour équiper le bateau de torpilles, ce que, de mauvaise grâce, Charlie finit par accepter. Dans un décor d’un réalisme grandiose, l’African Queen résiste tant bien que mal aux rapides qui hélas finissent par détériorer l’hélice du bateau. Sur les conseils de Rose, toujours aussi convaincante, Charlie arrive à réparer le bateau ce qui va les remplir de joie et les faire tomber dans les bras l’un de l’autre.

Toute cette partie est filmée en plans rapprochés, comme pour mieux cerner les personnalités opposées de nos deux héros. Ils vont se chamailler, s’apprivoiser, s’apprécier puis s’aimer, sur fond de rapides, de chutes, de marécages, de boue, de pluies diluviennes et même d’horribles sangsues qui rendront Charlie malade de fièvre. C’est d’ailleurs cette proximité duelle des deux personnages, teintée de reproches, de fâcheries et d’humour, qui se trouve au centre du récit et en fait sa force. Ainsi, sous une pluie torrentielle, Charlie boude, trempé, dans son coin alors que Rose est protégée par un auvent de fortune, mais finira par laisser Charlie s’y abriter aussi en le couvrant d’un parapluie. Ne voit-on pas également Charlie faire le pitre, en imitant des singes ou des rhinocéros, pour manifester sa joie, à rebours du personnage en acier trempé auquel nous avait habitué Humphrey Bogart. Les dialogues aussi sont d’un humour exquis. Alors qu’ils sont faits prisonniers et condamnés à être exécutés par les Allemands de la Louisa et que le capitaine accepte de les marier, celui-ci prononce net : « Je vous déclare mari et femme, procédez à l’exécution ». Car oui, ils seront capturés par l’équipage de la Louisa alors que l’on avait cru un moment qu’ils s’en sortiraient. En effet leur bateau s’était enlisé dans la vase des marécages et seul un miracle pourrait les sauver. Alors que Rose prie pour qu’ils soient reçus au Paradis, la pluie inonde les marais et désembourbe le bateau. C’est la joie et l’excitation à nouveau. Et ce sera encore la joie et les embrassades lorsque le bateau dérivant avec ses deux torpilles vient percuter la Louisa et provoque une explosion qui leur évitera la pendaison.

Filmée avec un très grand réalisme, l’aventure de l’African Queen, telle une Arche de Noé voguant au milieu des rapides et sauvée du Déluge, nous entraîne dans une odyssée à deux personnages, pleine d’humour, de rire, de chaleur humaine et d’amour. Merci à Katharine Hepburn et à Humphrey Bogart pour la joie et la sensibilité de leur jeu. Et merci à John Huston pour les avoir filmés avec tant de plaisir et de délicatesse. Un chef-d’oeuvre du cinéma classique.

L’odyssée de l’African Queen
De John Huston
USA – 1951
Avec Humphrey Bogart et Katharine Hepburn
Disponible en DVD et Blu-ray

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